En 2021 et 2022, l’Afrique a enregistré une hausse significative des coups d'État et tentatives de coups d'État militaires, avec six coups d'État aboutis et trois tentatives avortées. Cette augmentation des changements anticonstitutionnels de gouvernement (CAG) contraste avec les tendances des dix dernières années.
L’Union africaine (UA) a condamné ces développements lors de son sommet de janvier 2022 et a publié en mars de la même année la Déclaration d'Accra sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique. La déclaration a de nouveau été mise en avant en mai 2022 à l’occasion d’un Sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement de l’UA sur les CAG, qui s’est tenu à Malabo.
Reconnaissant l’urgence de la situation, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a invité le Conseil de sécurité à mettre fin à « l’épidémie de coups d'État » à l’échelle mondiale
Par ailleurs, et pour y remédier, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé un projet de recherche global axé sur des événements qui ont eu lieu dans cinq pays touchés par des CAG, ainsi que dans trois autres pays, pour des fins de comparaison. L’étude en découlant, intitulée « Soldats et Citoyens : coups d’État militaires et le besoin d'un renouveau démocratique en Afrique », révèle que les prises du pouvoir par les militaires font peser de sérieuses menaces sur les processus de paix et de démocratie dans les pays concernés avec, comme éventuelle conséquence, une déstabilisation à plus grande échelle.
L’étude Soldats et Citoyens examine la récente hausse des coups d'État militaires et des CAG en Afrique entre 2021 et 2022. Elle met en évidence les menaces que ces événements font peser sur les processus de paix et de démocratie et, plus généralement, sur la stabilité des pays concernés.
Le rapport souligne l’importance du renouveau démocratique, de transitions inclusives et de l’investissement à long terme en matière de démocratie et de droits humains, afin de prévenir de futurs coups d'État et de pérenniser l'ordre constitutionnel. De plus, l’étude passe en revue les facteurs qui contribuent à l'augmentation des risques de coups d'État, tels que les défis de développement, des antécédents de gouvernance militaire et la répartition disproportionnée des dépenses de sécurité.
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L'étude s'appuie sur les témoignages de 8 000 citoyens et citoyennes de 8 pays africains.
Sélection des pays L'approche méthodologique adoptée consiste à recueillir des données et des éléments de preuve pour deux types contrastés de transitions politiques récentes en Afrique. Cette approche repose sur l'hypothèse de travail selon laquelle une analyse comparative permettrait d'obtenir des aperçus pertinents. Plus précisément, l'étude compare les pays ayant connu des changements anticonstitutionnels de gouvernement (CAG), notamment des coups d'État militaire ou équivalents, avec les États en transition démocratique (ETD), qui semblent s'engager vers une consolidation démocratique ou une transition politique.
5 pays représentatifs qui ont récemment été confrontés à des CAG: Burkina Faso, Guinée, Mali, Soudan et Tchad
3 pays qui ont connu une période substantielle de transition démocratique, ou qui sont récemment engagés dans une voie de transition démocratique : le Ghana, la Tanzanie et la Gambie